Depuis moins d’une décennie, le nombre d’adolescentes et adolescents consultant pour un sentiment d’incongruence entre leur sexe biologique et leur genre ressenti (souffrance nommée « dysphorie de genre ») a explosé dans les pays occidentaux, sans que l’on ne comprenne véritablement pourquoi.
Si certains mettent cette augmentation sur le seul compte d’une plus grande tolérance sociétale ayant libéré la parole, d’autres évoquent l’influence des réseaux sociaux et la couverture non critique du phénomène par les médias, le proactivisme trans, et les implications de l’idéologie de genre qui infuse de plus en plus la société.
Situation actuelle
Aujourd’hui en Suisse, l’accompagnement des jeunes en questionnement de genre et leurs proches s’inscrit dans un cadre médical et associatif essentiellement pro-affirmatif, au détriment des approches de psychothérapies exploratoires consistant à offrir à l’enfant un encadrement psychothérapeutique, parfois soutenu sur plusieurs années pour l’aider à découvrir les causes de son mal-être, sans exclure la possibilité de recourir ensuite à une intervention médicale.
Pour les tenants de l’approche affirmative, les bloqueurs de puberté et les hormones ne sont pas un traitement de dernier recours mais le traitement de première ligne offert aux enfants et aux jeunes s’identifiant comme trans et qui présentent de hauts taux de co-morbidité (anxiété, dépression, autisme etc).
Or, ces dernières années, partout dans le monde, des voix s’élèvent pour mettre en question, voire dénoncer une approche qui, face à un manque de certitude et d’avis d’experts contradictoires, fait fi du principe élémentaire de précaution. Les traitements médicaux préconisés par l’approche affirmative ont notamment été qualifiés « d'activités expérimentales à grande échelle» par Christopher Gillberg, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'Université de Göteborg en Suède, et professeur honoraire à l'Institut de la Santé de l'Enfant, de l'University College de Londres, qui s’attend à ce que l’on doive un jour rendre des comptes sur des expériences qui contreviennent fondamentalement à la déontologie médicale.
A l'international
Devant la suspicion de graves lacunes et contradictions scientifiques, plusieurs pays ont tout récemment tiré la sonnette d’alarme et mis un coup de frein sec aux législations autorisant ces pratiques :
Depuis 2020, le nombre de médecins, de sociétés médicales et de services de santé nationaux à s'être distancés de l'approche de la WPATH ne cesse de croître. 2024 voit se multiplier les voix critiques à l’encontre de pratiques médicales singulières, au motif qu’elles violent le respect du principe de précaution
Cinq pays européens prônent désormais officiellement une approche mesurée des questionnements de genre chez les jeunes et se distancent des principes de l'approche trans-affirmative:
· Royaume-Uni (EN) décembre 2024. Maintien indéfini de l’interdiction des bloqueurs de puberté.
· Angleterre (EN) –avril 2024/octobre 2022 - Ecosse, Pays de Galles (EN) décembre 2024/avril 2024 (suite à un examen systématique des preuves – rapport Cass)
· Danemark (DN) (traduction française) - juillet 2023
· Norvège (NW) (traduction française) - mars 2023
· Suède (EN) - février 2022 (suite à un examen systématique des preuves)
· Finlande (EN) - juin 2021 (suite à un examen systématique des preuves)
Dans d'autres pays, ce sont des sociétés médicales, des groupements de médecins ou encore des parlementaires qui dénoncent publiquement des violations manifestes de la déontologie médicale et appellent à mettre fin aux traitements hormonaux et chirurgicaux sur les jeunes et à aborder la transition sociale avec prudence.
· Australie (EN) – novembre 2024
· Suisse (FR/DE) – août 2024
· Allemagne (DE) - mai 2024
· France (FR) - février 2022 - mai 2024
· Hollande (EN) - mars 2024
· Belgique (FR) - juin 2023
· Italie (I) (traduction française) - janvier 2023
· Slovaquie (SL) (traduction française) - mars 2023
· Espagne (SP) (traduction française) - 2021
Le revirement des services de santé nationaux NHS britanniques a été immédiat dès la publication le 10 avril du très attendu Rapport Cass, l'audit le plus fouillé jamais diligenté sur les traitements dits d'"affirmation du genre", accompagné de neuf examens systématiques des preuves, qui a rendu un verdict clair: les traitements proposés aux mineurs reposent sur des "fondations chancelantes". Le rapport soutient la thèse de la contagion sociale comme facteur expliquant l'explosion du nombre de jeunes en questionnement et met en garde contre la transition sociale qui tend à enfermer le jeune dans une identité.
Le 27 avril, ESCAP, la Société européenne de psychiatrie de l'enfance et l'adolescence a émis une opinion sévère de quatre pages sur la question des traitements des jeunes qui se déclarent de l'autre sexe. Invitant à la prudence, "l'ESCAP appelle les prestataires de soins de santé à ne pas promouvoir des traitements expérimentaux et inutilement invasifs dont les effets psychosociaux ne sont pas prouvés et, par conséquent, à adhérer au principe «primum-nil-nocere» (d'abord, ne pas nuire).". Leur branche suisse SSPPEA s’est ralliée à la prise de position d’ESCAP.
· Outre atlantique, où le sujet se règle politiquement et en justice, en janvier 2025, le gouvernement fédéral a interdit par décret présidentiel tout traitements hormonaux et chirurgicaux de « genre » aux moins de 19 ans. 26 Etats américains avaient déjà interdit ou strictement encadré la médicalisation des mineurs qui se déclarent du sexe opposé.
· Et en Australie, en janvier 2025, la province du Queensland est la première à émettre un moratoire sur les traitements hormonaux pour mineurs, dans l’attente des résultats d’un audit.
De nombreuses associations de parents se sont aussi créées ces dernières années pour témoigner des implications négatives de l’approche affirmative sur leur enfant et sur les relations avec leur enfant.
Devant les incertitudes et les lacunes auxquelles nous faisons face, nous voulons savoir, notamment :
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Quelle est la situation en Suisse ?
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Combien de demandes de « réassignement » par sexe et par tranche d’âge ?
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Quelle évolution sur les dernières années ?
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Combien de jeunes reçoivent des bloqueurs de puberté
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Combien reçoivent un traitement hormonal de modification de sexe ?
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Quel est le pourcentage de désistement et de détransition ?
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Quelles garanties sont données quant aux traitements proposés ?
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Sur la base de quelles données ces informations sont-elles diffusées ?
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Quelles informations sont communiquées sur les risques à court, moyen et long terme?
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Comment ces risques sont-ils intégrés dans les décisions autour de l'accompagnement des jeunes?
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Qui assume la responsabilité de la médicalisation dans un cadre affirmatif d'un grand nombre de jeunes dont beaucoup souffrent de troubles neuropsychiatriques, et qui subissent des évaluations rapides et superficielles sans données à long terme et preuves scientifiques à l’appui ?
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De quelles données dispose-t-on sur les résultats de la transition à long terme ?
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Quelle est l'incidence sur la qualité de vie et sur les relations, et sur la sexualité en particulier?
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Quel est l'impact sur la suicidalité ?
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De manière générale:
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Pourquoi tant de filles / jeunes femmes commencent-elles soudainement à s'identifier comme des garçons ?
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Est-il éthique et justifié de dire aux parents qu'ils doivent soutenir la transition de leurs enfants mineurs faute de quoi ceux-ci risquent de se suicider ?
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Pourquoi la question de la dysphorie chez les jeunes est-elle confondue avec les droits inaliénables des adultes affirmant leur transidentité - la dysphorie de genre qui se manifeste à l'adolescence n'ayant rien à voir avec le droit des adultes de vivre comme ils le souhaitent.